Tenue de travail :

« Un rôle professionnel à jouer »

Cet article vous est proposé à travers le prisme du livre d’ A. Mathé intitulé  « Le corps à sa façon : regards sémiologiques sur une mode ordinaire ». Avant d’aller plus loin, il convient de clarifier ce qu’est la sémiologie.

La sémiologie est une science qui s’intéresse au sens des signes dans la vie sociale.

L’acte de s’habiller peut sembler anodin ; mais il n’en est rien. A travers une enquête sur les pratiques de mode vestimentaire, A. Mathé, docteur en sciences du langage et de la sémiologie nous questionne sur le sens du style vestimentaire pour l’usager et son observateur.

Cet article vous propose un regard scientifique sur la “projection de sens » d’une tenue de travail.

Bonne lecture !

Quel est l’enjeu d’une  tenue de travail ?

La tenue de travail constitue un axe intéressant pour comprendre un des enjeux majeurs de l’image :

Il est question d’être soi, tout en investissant les codes sociaux normés que le sémiologue désigne par : le soi social« On se métamorphose, on se révèle, on incorpore un rôle, on se couvre pour se dévoiler » (A.Mathé)

Dans un contexte professionnel, ces codes peuvent être imposés par l’employeur ou investis de manière tacite.

« On évalue une tenue de travail par rapport à un contexte d’entreprise mais également par rapport à des tâches, et à des fonctions exercées dans des conditions précises »

A. Mathé

Trois challenges apparaissent pour l’employeur dans la définition d’une tenue de travail. Une tenue se considère à travers l’adéquation aux tâches à exécuter d’une part. Elle doit donc être fonctionnelle. Quelles sont les règles d’hygiène à respecter ? Les normes de sécurité ? Le besoin de mobilité ou la résistance des matières ? 

D’autre part, la représentation du métier entre en jeu dans la qualification de cette tenue. Elle représente la marque en prenant en considération l’identité visuelle de l’organisation que ce soit par ses couleurs, son logo ou la symbolique des valeurs portées.

Le troisième challenge relevé par A. Mathé renvoie à l’image de l’employé. Son allure générale à travers la saillance de la tenue (style, adéquation à la morphologie…)

La tenue de travail imposée

Il convient de rappeler que, selon l’article L. 1121-1 du Code du travail, la tenue professionnelle dépend de la nature de la profession, et des codes vestimentaires de l’employeur. Selon le but recherché, les conventions collectives ont des critères imposés plus ou moins strictes.

De nombreux métiers sont associés à des tenues de travail imposées pour des raisons fonctionnelles. Le mécanicien porte son bleu de travail et l’ouvrier, ses chaussures de sécurité. A l’extrême, la tenue portée par le militaire n’est que fonctionnelle ; celle-ci exclut toute expression de son individualité afin de préserver la sécurité.

Les codes vestimentaires peuvent aussi répondre à un besoin d’appartenance à un métier ou une structure. L’image de marque s’illustre alors dans les brasseries, au supermarché, dans les magasins d’électroménager, spas ou encore dans nos transports en commun pour ne citer qu’eux.  

Il s’agit alors d’être identifié comme employé de l’entreprise, comme son représentant.

Pour illustrer son propos, l’auteur prend l’exemple du gilet IKEA ou Fnac. Le sujet (=employé) garde la possibilité de s’habiller à sa façon et d’exprimer sa singularité à travers le choix de son pantalon, ou de ses chaussures … Le vêtement imposé est donc un simple repère visuel.

« La visibilité dans les rayons compte autant que la bonne apparence ».

La stratégie du paraître

 

 

  

« Les métiers s’affichent, les entreprises se muent en looks »

Dans son livre « Le corps à sa façon », l’auteur présente le corps comme un media d’expression qui -selon les circonstances- participe à une stratégie de distinction sociale,  de discrétion ou de séduction.

L’interaction sociale normée

L’interaction sociale est normée par des us et coutumes. Selon nos interlocuteurs et le contexte, certaines conventions ou attentes peuvent exister. Il s’agit du fameux dress code qui désigne « l’habitus propre à un milieu”. Certains auront déjà peut-être entendu parlé de codes du vêtement formel comme « white tie black tie » dont les codes sont strictement écrits.

Mais l’habitus peut également être tacite et pour autant, identifiable aux yeux de tous.

Le désir d’appartenance

La ressemblance sociale passe alors par des signes permettant d’exprimer son appartenance. Ces signes passent par la ressemblance à un groupe identitaire. Mais elle peut également laisser place à « un pas de côté personnel » qui fera toute la différence pour exprimer la singularité (cf exemple du gilet Fnac). Contrairement aux idées reçues, une tenue de travail n’exclut pas l’expression personnelle. Ces deux dimensions cohabitent.

« L’habit fait le moine comme la robe, l’avocat »

L’efficacité de l’invisible

« Se fondre dans la masse, jouer sur l’invisible, s’ancrer dans la sobriété. »

Lorsqu’une tenue de travail n’est pas imposée, sa relative discrétion (avec des effets de style limités) permet au vêtement de se faire oublier. La discrétion n’a alors d’autre valeur que de laisser place à la parole. Certaines personnes se disent indifférentes à l’égard du paraître, d’autres expriment un goût poussé  pour la fonctionnalité.  Cette apparente discrétion peut se révéler -dans certains cas précis- être une excellente stratégie de communication. Rappelons effectivement qu’une image se lit dans un contexte donné (voir le chapitre 4 de l’article résumé et avis du livre « Maitrisez votre image »).

Une tenue de travail ordinaire laisse alors place à la parole qui se rend d’autant plus audible. Pour illustrer son propos, A.Mathé cite l’exemple des présentateurs de journaux télévisés.

Le style normé est le costume cravate pour les hommes, tailleurs ou robes dites « professionnelles » pour les femmes. L’effet de sens produit renvoie à l’imaginaire du sérieux, et de la neutralité. D’où le choc provoqué par les propos de Jean-Pierre Pernaut en plein confinement d’ailleurs. La prise de position n’est généralement pas attendue à ce poste.

Les tenues d’Ophélie Meunier paraissent alors plus audacieuses. Les codes du sérieux sont toujours présents. Mais nuancé par des couleurs classiques, le style moderne amène un effet plus contemporain.

 

Qu’elle soit imposée ou non, la tenue de travail revêt de nombreux bénéfices qu’il convient de savoir exprimer afin qu’elle remporte la pleine adhésion des collaborateurs.

Bien souvent perçue comme une contrainte, elle a pourtant tout son intérêt, que ce soit pour l’entreprise, mais aussi pour l’employeur et son salarié.

Chez LEARNIM nous en sommes convaincus, et pouvons vous aider à sensibiliser vos équipes.

Les bénéfices de la tenue de travail doivent être pleinement expliqués pour remporter l’adhésion de vos salariés.

Notes de LEARNIM

Le livre « Le corps à sa façon : regards sémiologiques sur une mode ordinaire » d’Anthony Mathé traite du rapport quotidien au vêtement à travers l’étude des usages collectifs et de pratiques singulières. Le livre est un support pour le sujet de l’article et non un résumé fidèle. Les passages ne concernant pas directement le milieu professionnel sont passés sous silence.

Se procurer le livre

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