Etudiants et image de soi

“L’image de soi, c’est quoi ? ” … Ma question rompt le silence ambiant.

Il est 8h30 du matin, dans une salle de cours du bassin rennais. Face à moi, une dizaine d’étudiants ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre; avec pour seule anti-sèche, le planning de la semaine indiquant à la date du jour « Image de soi » (7 heures). Je découvre un intitulé très précis et m’imagine, par la même occasion, le flou s’installer dans leurs esprits.

Je m’attends à un long silence, et j’y suis parée. Parée comme on peut être rompue à l’exercice des levées d’objections, s’illustrant par les répliques habituelles : « C’est du jugement », « C’est superficiel », « Je suis comme je suis et tant pis si les autres ne sont pas contents ».

Mais il n’en est rien, bien au contraire ! Les doigts se lèvent et les réponses fusent.

L’IMAGE DE SOI, DEFINITION

– « L’image de soi madame, c’est la manière dont on se voit/le regard que l’on pose sur soi. » Dis l’un,

– « C’est lié à la confiance en soi, et aussi au regard des autres. » Enchaine l’autre,

Son voisin de table poursuit : – « C’est ce qu’on dégage, le laissé paraître. »

Sans surprise, les bases sont posées. Mes étudiants du jour ne tardent pas à identifier deux composantes : L’image que nous avons de nous-même, et l’image que nous transmettons aux autres. Deux composantes distinctes qui sont néanmoins étroitement liées : L’image intérieure (=regard que l’on porte sur soi) nourrit notre image extérieure (= manière dont nous sommes perçues), et inversement. A renforts de « Mais encore… » ou « Quelqu’un d’autre ? » … Je les invite à développer.

L’IMAGE, REFLET DE SOI

Les réponses se poursuivent alors :

– « L’image c’est la manière de s’habiller et de s’exprimer ». Tout à fait d’accord. Notre image ne se cantonne pas à notre présentation physique. Continuons.

– « L’image c’est notre physique, mais aussi les qualités de la personne ». Super intéressant ! J’apprécie la bienveillance induite par le terme « qualités ». Cela me permettait également d’introduire le contenu à venir, partant du principe que notre image parle de nous. Il ne s’agit pas que de notre représentation physique, mais aussi de notre personnalité. Si je suis quelqu’un d’actif, qui aime prendre des initiatives et passer à l’action, comment puis-je retranscrire ce dynamisme dans ma manière de m’habiller par exemple ? Comment parler de moi, au-delà des mots ? Comment être cohérent pour inspirer confiance et crédibilité ?

Une autre remarque ne tarde pas à retenir toute mon attention : -« On peut évoluer ».

Décidemment, ils avaient vraiment tout compris me dis-je. En effet, notre image n’est pas fixe (Hourra !!), elle évolue au cours de nos expériences, de notre humeur, de changements physiques ou de notre histoire… Cet étudiant n’avait pas utilisé le terme « déguiser », « changer »… Le verbe « évoluer » était à mon sens, extrêmement bien choisi. Nous sommes humains s’il est encore nécessaire de le préciser. Notre image est donc imparfaite, mouvante … Nous évoluons, tout simplement.

MAITRISER SON IMAGE, CELA S’APPREND ?

Notre brainstorming sur l’image se poursuit ainsi :
– « C’est lié à notre éducation. On nous apprend à paraître en société ». Ma spontanéité me donnait envie de m’exclamer « Tout à fait », considérant que TOUT S’APPREND ! Et en même temps, j’avais juste envie de répondre « … … OU PAS ! »;

Certains apprentissages nous paraissent évidents, naturels car ils nous ont été transmis dès notre plus jeune âge de manière verbale. Nous avons aussi bien pu les reproduire simplement par mimétisme au contact d’un parent, d’une figure modélisante. Mais ce n’est pas toujours le cas, et plus particulièrement lorsque l’on arrive sur le terrain de l’intelligence émotionnelle (savoir-être, conscience sociale…).

Cette remarque sur l’importance de l’apprentissage dans le « paraître en société » pour reprendre le terme utilisé, nous permet d’aborder le sujet de l’intelligence émotionnelle et en particulier ce qui suit.

L’IMAGE EMPATHIQUE

– « On n’a pas toujours les mêmes objectifs, on ne côtoie pas les mêmes personnes. Notre image est adaptable ». Je salue cette intervention et la résume en utilisant l’expression « image empathique ».  Je n’en suis pas peu fière d’ailleurs, car elle définit exactement ce que je souhaite transmettre à ces étudiants.

Notre image nous permet en effet d’exprimer nos besoins, nos intentions ou nos envies à l’instant T : besoin d’ouverture et d’échange, besoin d’affirmation de soi, de soutien ou de considération par exemple … Mais notre image – à travers notre gestuelle, notre posture ou notre présentation personnelle- nous permet également de montrer à nos interlocuteurs que nous sommes réceptifs à leurs besoins.  Prenons l’exemple d’un recruteur qui peut avoir besoin d’être rassuré sur la capacité du candidat à s’intégrer. Quels signaux non-verbaux – dans ma gestuelle, ma posture ou ma présentation personnelle peuvent le sécuriser ?

NOUS SOMMES LIBRES DE NOS CHOIX

– « On peut choisir » Le C-H-O-I-X ! Avais-je bien entendu ? Je crois bien que c’était la première fois que résonnait cette notion si chère à mon cœur durant un brainstorming : Nous sommes libres de nos choix. Chacun est libre et responsable des choix qu’il fait pour lui, il n’y a effectivement aucune injonction ou interdit, mon rôle n’est pas celui-ci; Loin de moi l’idée de conseiller avec des « il faut » « on ne doit pas » … Et puis d’ailleurs cela ne marcherait pas.  Le cerveau humain est ainsi fait, il répond très mal aux injonctions.

Et voici le meilleur pour la fin. Cette phase qui résume parfaitement cette notion de choix – aussi bien en termes de pouvoir de décision que d’éventail– et qui me fait littéralement fondre de bonheur tellement j’adhère :

« On a plusieurs facettes, mais cela ne signifie pas que ce n’est pas nous; On peut montrer différents aspects c’est tout. »

Ces jeunes venaient tour à tour de dégommer les croyances qu’on pouvait avoir au sujet de leur génération.  « Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas conscience de leur tenue vestimentaire » avait-on pu me dire par le passé. Précision faite : Certains ont pleine conscience du rôle de l’image dans leur quotidien, ils en saisissent tous les enjeux. Plusieurs d’entre eux m’ont même confié leur envie de faire évoluer leur style en prenant comme prétexte leur entrée dans le monde de l’entreprise.   Ils ne savent tout simplement pas mettre leurs intentions en musique, dans un monde professionnel où les codes ont beaucoup évolué, conduisant les étudiants (parfois même le corps enseignant), à une perte de repères évident.

Impressionnée, je conclue ce brainstorming par un « Eh bien nous avons terminé notre journée, vous avez tout compris !«  Un des premiers conseils qu’il m’a été donné c’est d’utiliser l’humour avec comme explication « Ca marche toujours »

Bien évidemment à ce moment-là, j’avais conscience que mon rôle n’était pas terminé bien au contraire…  J’avais face à moi un groupe « éveillé », à qui il manquait simplement autre chose.  Ils n’avaient pas les clés pour « mettre en pratique ».  Je pouvais commencer.

Je pouvais alors leur TRANSMETTRE les clés d’une image ADAPTEE à leurs QUALITES et leur PHYSIQUE, leurs CONTEXTES professionnels (service et type d’entreprise).  Ils auraient la possibilité de CHOISIR et de réfléchir à l’impact de leurs choix dans leur RELATION A L’AUTRE et la SATISFACTION de leurs propres BESOINS.

Vous aimeriez éveiller les consciences de vos lycéens ?  Actionner les super pouvoirs de vos étudiants ? Envoyez-moi un message et parlons-en !

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